Mise à jour 8 août 2020 : chiffres et graphes totaux pour l'Achillée et pour la Valériane
Bonjour à toutes et à tous,
Depuis le 15 avril, confinement oblige, j'ai réalisé un suivi protocolé des interactions entre plantes et pollinisateurs sur un seul site :
une terrasse de mon jardin cévenol, lieu-dit "
Le Gournezou", en Lozère méditerranéenne à la limite avec le Gard, alt. 454 m. en site Natura 2000 extrêmement isolé et préservé, sans aucune activité agricole intensive à proximité et extrêmement peu d'activité humaine.
Un article a été consacré à ce suivi sur le blog Vigie-Nature : http://www.vigienature.fr/fr/actualites/je-me-suis-lance-defi-spipollien-nous-raconte-confinement-3675
Ce suivi consiste à effectuer des sessions de 20 mn d’observation via le protocole du Suivi Photographique des Insectes POLLinisateurs (SPIPOLL), session aussi appelées « collections » au cours desquels on rend compte de chaque insecte d’espèces ou de groupe d’espèces différents (dénommés « taxons* »).
Ce suivi est fait sous conditions météorologiques minimales (température >15°, pas de vent fort ni de pluie), entre 10h et 18h, sur deux plantes communes attractives pour les pollinisateurs, mais appartenant à des catégories différentes en matière de traits écologiques (tailles et forme des corolles des fleurs notamment) :
Achillea millefoliumet
Centranthus ruberEn gros je m'ajoute des contraintes pour permettre une plus grande comparabilité des résultats, au sein de mon échantillon d'une part, et avec la base de données globale du SPIPOLL d'autre part, mais ça, ce n'est pas moi qui pourra le faire
Ce suivi s'inspire du protocole mis en place par l'Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France dans plusieurs de ses études, dont une qui va commencer en juin sur 45 cimetières d'Île-de-France.
L'idée est d'une part d'obtenir un jeu de données comparable aux données en grand nombre du SPIPOLL depuis 10 ans, par exemple pour produire un indice d'originalité du site suivi en le comparant avec des sessions réalisées ailleurs, mais aussi dans mon cas d'essayer de produire une courbe d'accumulation, c'est à dire de tenter de voir à partir de quel moment je ne verrai plus d’insectes nouveaux : 3 collections successives sans nouveau taxon constituerait un plateau à partir duquel on pourrait conclure que tous les insectes et arthropodes différents contactables en 20 mn d’observation photographique l'ont été (et donc que je pourrais arrêter et me consacrer à une activité plus saine comme par exemple le sommeil...).
Je vous fais aujourd'hui le bilan des trois mois de suivi pour Achillea millefolium
Nombre de collections : 49
Nombre total de taxons différents observés : 161
Nombre moyen de taxons observés par collection : 28
Nombre maximum de taxons observés en une seule collection : 48 (voir la collection du mardi 12 mai 2020)
Nombre minimum de taxons observés en une seule collection : 18 (voir la collection du samedi 18 avril 2020)
Nombre de collections sans aucun taxon nouveau observé : 3 (pas d'affilée)
Evidemment, comme je n'y connais rien en statistiques, mon approche reste très limitée, mais je ne doute pas que la communauté et les scientifiques auront des idées
Sur le deuxième graphique pour l'Achillée ci-dessus on voit le pourcentage de nouveaux taxons à chaque session par rapport à la précédente.
Au total, les 11 premières collections apportent à elles seules la moitié la diversité en taxons (50%). Après la 26e, on a vu 75% de tous les taxons différents observés sur la période.Evidemment, en 3 mois, en gros l'ensemble de la période de pleine floraison, je ressens une évolution phénologique, avec des taxons qui étaient très courants en avril et que je ne vois quasiment plus à la fin mai. Il y a aussi un effet sur l'abondance, avec des taxons dont les individus étaient seul au début et pullulent en juin, mais cela je ne suis pas capable de le traiter.
François Duchêne, de l'équipe Vigie-nature au Muséum national d'Histoire naturelle, a eu la gentillesse de nous donner un aperçu de ce que l'on peut faire avec une série de collections SPIPOLL comme celle-ci, à partir des données du premier mois. Il nous livre "
une petite modélisation de la phénologie à partir de tes données, pour les taxons que tu as contacté au moins 5 fois" :
Evidemment, il est trop tôt et même peut-être illusoire de conclure quoi que ce soit avec ces données pour l'instant, mais j'ai poursuivi ce suivi jusqu'à la fin de la floraison, et édité donc ce post.
Voici le bilan des deux mois de suivi pour Centranthus ruber
Nombre de collections : 22
Nombre total de taxons différents observés : 66
Nombre moyen de taxons observés par collection : 12
Nombre maximum de taxons observés en une seule collection : 18 (voir la collection du 3 mai 2020)
Nombre minimum de taxons observés en une seule collection : 6 (voir la collection du 7 juin 2020)
Nombre de collections sans aucun taxon nouveau observé : 2 (pas d'affilée)
On atteint sur la Valériane 56% des taxons observés après 7 sessions, 77% après 11 sessions.
Merci aux infatigables et chaleureux validateurs sans qui ce suivi comporterait évidemment moult erreurs !
* Définition de « taxon » dans le Suivi photographique des insectes pollinisateurs : une espèce ou un groupe d’espèces proches quand il est impossible de les distinguer aisément sur photographie.
NB : le nombre de taxons retenus peut être inférieur au nombre de taxons saisis sur le site, lorsqu'il y a deux espèces différentes d'un même taxon SPIPOLL par exemple, elle ne compte que pour 1 dans mon suivi.