3EMES RENCONTRES NATIONALES : LE SPIPOLL EN QUÊTE
Encore un week-end de rencontres, d’échanges et partages riche et reboostant entre spipolliens et notre staff opie-vigie-mnhn préféré. Les 3èmes rencontres nationales Spipoll se sont déroulées à Nantes ces 26 et 27 mai 2018. L’Opie y était invité par la Communauté de Nantes à intervenir dans le cadre de l’événement «En quête de nature».
Oh whaou, le ton des rencontres est donné : notre mission était de participer à la collecte de données qui iront fournir l’atlas communautaire. Avions, trains et voitures se sont donc apprêté(e)s pour transporter une trentaine de pseudos anciens et nouveaux, tous, cette fois-ci, représentants des VISP que les spipolliens sont en passe de devenir.
https://completement.nantes.fr/echo-de-la-carriere/news/24h-de-la-biodiversite-en-quete-de-nature
Qu’on se le dise dans les galeries : le Spipoll est de plus en plus reconnu comme un outil de référence en matière de biodiversité ! «Complètement Nantes» nous proposait de revivre les 24h de la biodiversité, nous en avons fait presque 48 !
Voyez donc :
Vendredi 26 soir : les 1ers arrivés ont eu le droit de cotoyer 3 grandes institutions: l’auberge espagnole (1), ceci à l’auberge de jeunesse de Nantes aménagée dans l’ancienne manufacture des tabacs (2) de Nantes et parée du tout nouveau Kakémono(3) spécial Spipoll. Salut Mathieu, Grégoire, Anne, Colin, François, Hugo, Zaccharria,… Hey, enchantés de te connaître Mélissa et ravie que ton aventure à l’Opie te plaise. Boudu, il y en a des pros, c’est super !
A 00h tout le monde connaissait le programme du lendemain : 7h pour le petit déjeuner, 8h pour le réveil et 9h pour l’inauguration des 3èmes rencontres. Il y en a qui, pour l’heure avaient rendez-vous avec les plumes, d’autres avec leurs ordinateurs, d’autres avec du papier …les surprises et anecdotes mémorables n’ont pas manqué durant tout le we!
Samedi 27 : Tartines et mugs rangés, les rencontres démarrent … avec un petit déjeuner complémentaire pour se retrouver, se saluer, s’asseoir … et se relever pour un joyeux quadrille de présentation où, tous en rond, on se présente et on avance en guise de réponse aux questions de Mathieu : « Qui ne connait pas le spipoll ? Qui a dépassé le million de collections ? Qui n’a jamais rouspété quand Mathieu ne répond pas tout, tout de suite aux attentes diverses ? ». Un certain spipollien, pourtant averti mais arrivé après a eu le droit à un rab nous délectant d’arguments complètement …fêlés !
L’ambiance joyeuse installée, les complètements zinzins de l’analyse de nos photos et critères d’observation, ont défilé face à l’écran géant du rétroprojecteur moderne pour nous informer de l’avancement des recherches réalisées à partir du spipoll.
Grégoire (ou greg9498) fraîchement sorti de ces papiers de nuit, co-directeur de Vigie Nature avec Anne, après nous avoir rassurés qu’il continuera à poster des collections, nous a donné des nouvelles de la famille Adam’s, non Aliens, non, celle des strepsiptères (parasitoïdes des hyménos) qu’il a découvert, en phase de conception, sur l’abdomen d’une guêpe de la galerie. Quid du papa trilobite qui ne vit que 6h, le temps de féconder la femelle par la tête, de la mère vermiforme sans pièces buccales qui ne sort pas de son hôte et des enfants ‘’ridiculement minuscules’’, équipés de ventouses et capables de dérouter leur hôte de sa mission sociale … * Vraiment pensez-y, si vous voyez une poliste parasitée prenez-la en photo mais ne cherchez pas où elle niche car pendant la gestation des strepsiptères, les guêpes sont comme « zombifiées» et ne pensent qu’à se nourrir en oubliant de ramener nectar et pollen à leur couvée.
Grégoire s’est en quêté de cette étude en observant les photos du spipoll : sur 1863 photos de guêpes polistes, 131 (1/12 photos) présentent un individu «stylopisé », comprenez dont parasité par la famille strepsiptères. En zoomant de sa vue d’oiseau du jardin et autres pendant de longues journées Grégoire a découvert un mâle accroché à une patte, une femelle dans une ouverture stylopisée de 4mm puis un accouplement.
Bravo Greg pour ces recherches et merci pour ce partage d’infos !
Avez-vous des questions ? ?1 - Du coup, lorsqu’on voit un insecte déformé, doit-on le prendre en photo pour la poster dans ses collections ?
R1 : Toute photo anecdotique pour le spipollien peut être une mine d’informations scientifiques précieuses: Alors, oui, prenons et postons des photos lorsque nous observons quelque chose de particulier type un défaut, une bizarrerie, un comportement douteux ou même normal, lié au cycle de l’animal ou à sa biologie (proie, position…).
Si l’insecte n’est pas sur la fleur, préférons poster la photo sur le forum. Sur les collections de la galerie, n’hésitons plus à signaler et commenter nos observations. Dans un labo de Paris, les zinzins géniaux scrutent nos pixels …même ceux «pas à l’endroit», «pas recadrés» et «en bazar» qui ne facilitent pas l’observation. Bon faisons comme nous pvoulons !
?2 - A quel ordre appartiennent les strepsiptères ?
R2: Selon la «phylogénie» (cf le web, d’accord !), ce parasitoïde à 2 ailes pourrait être un diptère. Mais il présente des balanciers antérieurs aux ailes, ce n’est donc pas un diptère et d’ailleurs on ne sait pas trop dans quel ordre le mettre. Quant au taxon à choisir pour ceux qui dépistent et photographient ce quand même micromerdouilladae de moins de 5 mm: taxon inconnu ou le taxon de son hôte jusqu'à ce qu’un zinzin l’identifie.
François bosse au Mnhn à s’en quiêter de la diminution des insectes dans les compteurs des galeries, chiffres représentatifs de la tendance nationale voir européenne. Alors que tout le monde parle de chute de la biomasse, François s’interroge sur l’évolution de chaque espèce et constate qu’il n’y a pas de protocole permettant la collecte de données spécifiques… aux, par exemple hylaeus vageriatus ou brevicornis, andrena fulva ou pilipes, halictus quadricinctus ou scabiosae qui se cachent encore sous nos taxons et que seuls les spécialistes reconnaissent (pas de panique,on ne nous le demande pas encore !). Or le spipoll pourrait permettre l’édition de ces précieux indices de présence et d’abondance. Par une complètement magique opération, François, en adaptant nos critères d’observation (nos «filtres») pense y arriver, à moyen terme et halictus terebrafor sur l’orpin, transmettre les résultats aux instances européennes qui s’en quêtent de la biomasse et élaborent des plans biodivers ! C’est pas top ça !?!
Bon, il faudra peut-être faire l’effort :d’ oublier de noter la température, le vent et l’environnement et pour plaisanter ne pas se parfumer, ne pas reculer quand un taxon nous fonce dessus, porter une tenue adéquate (Mathieu a plein de tee shirts) ceci afin qu’aucun taxon ne nous échappe !
Christophe, maître de conférence au mnhn est complètement zinzin, donc spécialiste, des empidides. Il nous en a appris de bien bonnes quant aux mœurs de ce taxon à l’aspect de mouche. Sachez désormais qu’il existe 522 espèces d’empidides. Ce diptère à trompe allongée se nourrit de nectar des astéracées et des rosacées de toutes les régions, à toutes altitudes. Dans les galeries du spipoll, Christophe a En Quêté 5500 interactions plantes/espèces !
C’est dans ses mœurs de reproduction que l’empidide est remarquable à observer. La femelle courtise et choisit le mâle. Pour cela, contrairement à la plupart des animaux, c’est elle est dotée d’apparats sexuels type pattes plus poilues, ailes plus larges et la faculté de gonfler des sacs abdominaux pour se distinguer. °V° aucune ressemblance avec les homo spipollien filles n’est à imaginer … de toute façon, comme dit plus haut, mieux vaut ne pas se maquiller !
Le mâle empis pour pécho attrape des proies, les maintient vivantes entre ses pattes et les apporte à l’essaim (d’où les regroupements que l’on peut voir en spipollant) pour les offrir à une femelle.
Mais, mais mais, comment une mouche si frêle peut voler avec une proie ? Scoop 1 : le mâle empis fabrique une soie, par la bouche et emballe sa victime. La femelle, elle, choisit le mâle selon la taille du paqu..ballonnet et la la beauté du mâle en vol avec son offrande. Il paraît qu’une proie bien emballée, de taille moyenne transportée de façon harmonieuse a le + de succès !
Scoop 2 : on a trouvé dans les Alpes, des empidides in copula, à + de 1500 m d’altitude, sur des névés! Non! Si, si, photo à l’appui . Et zou, enquête, analyse, étude des zinzins du mnhn pour découvrir que l’empidide utilise des emplacements « marqueurs » pour repérer les sites d’accouplements, ici la névé, plus bas, les fleurs où on les voit attroupées.
Décidemment, nos photos sont utiles, merci aussi à Christophe d’enquêter sur la valorisation du Spipoll. Qu’on se le redise : n’hésitons pas à partager nos observations, noter les comportements et faire des commentaires sur nos collections (ou sur la photo de l’insecte concerné).
Q : Pouvons nous donc poster une photo contenant plusieurs individus (de la même espèce) ?
R : Hum, hum, selon la théorie du protocole de recadrage permettant une rapide et efficace validation , mieux vaut s’en tenir à 1 individu par photo, noter un commentaire et poster une photo de regroupement ou de comportement particulier sur le forum !
Ces apports riches et reboostants ont ouverts nos appétits, le déjeuner qui a suivi sera vite englouti pour aller satisfaire notre autre penchant de gloutons de taxons en spipollant.
Samedi après-midi : 14h30, C’est d’abord à l’inauguration d’ « En quête de nature » que nous étions conviés.
M. Christian COUTURIER Vice-président de Nantes Métropole nous explique sa mission, ses réalisations, ses projets.
Après les présentations et représentations, les 3 mini-bus et 2 autos nous ont covoiturés, ça c’est sûr, spipoller sur un des sites d’En quête de nature.Les Sorinières possède plus de 83 ha d’espaces verts publics dont
un champ de berces plus hautes que notre plus grand pseudo (en taille). Nous y allons car elles nous tendent leurs inflorescences et leur panel de taxons. C’est à grands pas que nous y quittons les bus lorsque Mathieu nous arrête. Que se passe t’il ? Le coffre s’ouvre, puis un carton et scoop : le tee shirt spipoll est là. Distribution, habillage pour ceux qui veulent et les collectes ont fusé !
Pour mieux y voir, voir les collections en galerie sur spipoll.fr (Les titres variants selon la rapidité des posts et la lecture ou non des mails et du forum) : Localisation : REZE (44143), LOIRE-ATLANTIQUE (44), PAYS DE LA LOIRE (52)
17h, les cartes sd biens pleines, nous repartons 2 mini-bus et 2 autos, l’un des bus ayant décidé de faire une session de nuit en perdant d’abord sa marche arrière puis sa boite de vitesse. Hasard des voyages, Colin et Anne ont eu le temps d’étudier les bords de route. Cela peut promettre d’autres études épiques !
Pour les autres, pas le temps de s’attarder là, ni sur l’pont de Nantes, car Mathieu doit faire une conférence sur la pollinisation et présenter le spipoll sur le site d’En Quête de Nature ».Complètement royal les facettes sur le grand écran et l’abdomen sur une chaise longue !
18h : C’est décidément une complètement belle journée, les festivités se poursuivent avec la projection du film «Le trio amoureux». Habituellement, un film sur la pollinisation retient l’attention mais en présence de quelques acteurs et actrices, le documentaire vraiment éloquent devient passionnant ! Les pseudos-acteurs absents, projetés sur l’écran sont du coup complètement avec nous !
19h, conquis par les images et les mots, les organisateurs nous offrent l’apéro dinatoire et un brin de folie musicale. Nous aurions pu prolonger la soirée là mais un autre rendez-vous institutionnel nous attendait à l’auberge : le repas des terroirs. Viande de bœuf séchée, charcuterie maison (dont celle du papi de A… !), poulet fermier, fromages en tous genres, gâteaux et autres délices etc …
Avant d’ouvrir les bouteilles, Mathieu nous ouvre son colis-cadeau dernier cru contenant les kakémonos et les plaques spipoll tant attendues. Il y en a 1 pour ceux qui veulent. Complètement bzzz cet Opie, nous en avons tous pris, merci !
00h derniers rires et nous regagnons les chambres. Zut, il manque 1 lit chez les filles. Qu’à cela ne tienne, une nouvelle déjà complètement spipollienne se dévoue pour installer son matelas par terre…pendant qu’un directeur investit le sofa de la cafétéria .Des gens de terrain ces 2 là !
Dimanche matin : les bagages et pique-niques sont prêts, les toujours 2 mini-bus et 2 autos aussi. Zou, au revoir la Manu, direction
l'île Forget pour spipoller sur les bords de Loire pour certains pendant que d'autres suivent Mathieu chargé d'une autre conférence pollinisatrice.
:flower
: Pour voir les collections sur cette zone classée natura 2000 : SAINT-SEBASTIEN-SUR-LOIRE (44190), LOIRE-ATLANTIQUE (44), PAYS DE LA LOIRE (52)
12h : pique-nique instructif : Colin, chercheur au mnhn, nous délivre un dernier scoop: le spipoll pourrait à l’avenir, contribuer à mieux faire connaître la biodiversité. Souvent abordée au travers de la problématique de la disparition des abeilles domestiques (notre taxon abeille mellifère), la plupart des intervenants socio-économiques se risquent à élaborer des projets contre-productifs. L’installation de ruches d’apis mellifera tous azimuts en est un exemple car la population d’abeilles mellifères peut contribuer à faire une concurrence fatale aux butineurs naturels.
Au Mnhn, nous rapporte Colin, c’est Nicolas Deguines qui s’en quête sur la complètement méconnue existence des abeilles sauvages (nos andrènes de tous poils, halictes, hylaeus, lagiosomes et autres abeilles difficiles à déterminer).
Son projet de, du coup, super zinzin 2018 : faire du spipoll une source de données importante pour les acteurs de la préservation de la biodiversité. Nicolas passe le concours de maître de conférence le 6 juin. Croisons les antennes !
Le spipoll, rappelons le nous c’est, depuis ces débuts en 2010, 630 taxons listés (donc groupes d’espèces) et depuis mars 2018 : 313 929 photos d’insectes pollinisateurs et floricoles collectées dans 34 124 collections France entière par 1465 participants soit plus d’1 million de minutes d’observation…l’équivalent d’un plein temps pendant 10 ans ! Imaginez un peu ce que seraient ces chiffres si nous étions tous aussi fêlés qu’un certain ardèchois ou une bretonne!
Or, comment améliorer le penchant scientifique du spipoll qui demande aux participants de tous âges et toutes professions ou occupations, en majorité pas enclins à devenir entomologistes (on a assez de boulot à photographier le moro sphinx en vol), d’identifier des agents de la biodiversité par genre (taxon) et non par espèces (c’est du boulot de spécialistes équipés de microscopes et de bistouris) ?
Le mnhn a encore la solution : permettre aux volontaires compétents de participer à la validation des identifications (qui resteront taxons pour la facilité des collectes). Bon, nous avons déjà Janmar qui, hier soir, nous a redit qu’il adore ça et certains autres en off (en commentaire lorsqu’ils émettent un doute) ou en direct (en commentaire au bas de la collection). Mathieu nous rassure en constatant qu’au fil des collections nous faisons moins d’erreur d’identification = nous classons donc les espèces sous le bon taxon. Ceci surtout lorsque, entre nous, nous nous aidons via des commentaires explicatifs qui nous permettent de … retourner sur la clef, choisir les bons critères et reconnaître le bon taxon.
A propos, le mnhn a accueilli cette année, Zaccharia, informaticien chargé d’étudier la mise en place d’un programme de « Validation participative ». C’est lui qui s’est penché sur nos échanges (via des mots clefs) et a constaté que nos explications nous aide à progresser dans notre découverte de l’entomofaune.
Nous sommes d’ailleurs conviés à tapoter les bonnes phrases en tout genre !
Reste le problème de l’analyse de données par espèces. Colin nous parle de « nettoyer » les taxons qui regroupent trop d’espèces afin que les spécialistes identifient les individus à un latin près ! Il serait aussi question d’ajouter des observations plus précises et plus adaptées au problème actuel de la disparition de la biodiversité (ex : la quantité de pollen observée sur les individus). Patiente, ce n’est pas pour tout de suite. Ce printemps, nous faisons comme d’hab, en suivant le protocole (pour ceux qui s’en rappellent !). Zaccharia nous concocte un prototype et nous en reparle … peut-être à l’occasion de la mise en place du nouveau site web spipoll … on ne sait pas quand mais autant de surprises en 2 jours, c’est pas mal !!!!!!!!!!
Dimanche AM : 13h, il est temps de dire au revoir à certains et de se rapprocher de la gare de Nantes. Nous patientons dans le jardin des plantes … encore des collections, encore des surprises comme la petite troupe de canetons qui vient saluer Bee.ber. Puis à 17h,sniff, fin des 3èmes retrouvailles et rencontres nationales…. Vive les 4èmes !!!!
Pour voir les collections : Localisation : NANTES (44109), LOIRE-ATLANTIQUE (44), PAYS DE LA LOIRE (52)
(en visant le jardin des plantes en face de la gare)
A suivre ... A Vigie Nature, Hugo and Co concoctent un reportage vidéo des rencontres qui accompagnera leur article.