Merci Mathieu !!!
13 mai 2018, 19h : Des œufs sur les orties ! Il y a, à 2 pas de chez moi, une route étroite qui descend à la rivière 1km plus bas. Après une journée de pluie, le soleil réapparait vers 19h, parfait pour aller spipoller, voir si les pollinisateurs, eux aussi, ressortent après les ondées. En descendant, rien, si, un talus d’orties de 10m² se déploie à l’ombre de chênes et de sapin. Je m’y arrête à la recherche d’œufs ou de chenilles de Paon du jour, de vulcain ou tout autre au moins. Aucune forme oblongue ni de réglisse à points blancs ou à taches jaunes sur pattes. Je remarque bien des trouées dans les feuilles par ci par là, mais elles sont l’œuvre de limaces qui se régalent.
Un petit tour dans les bois vers les sorbiers trempés puis je remonte bredouille de taxons mais les yeux fouillant les feuilles d’orties. L’observation dans le sens de la montée est plus facile, le dessous des feuilles se voit mieux.
C’est ainsi que j’ai repéré une ponte. Clic-clac, je prends une photo, enfin plusieurs car l’œuvre est minuscule (80mm de long, 1cm de hauteur. Pas d’autres visibles aux alentours ! J’admire, géolocalise de mémoire, prends une photo (enfin plusieurs) et quitte les lieux, et m’en retourne l’identifier sur le Web. Après recherche, assez rapide grâce à la caractéristique «grappe», je trouve le maitre d’oeuvre, la Carte Géographique ou « le Jaspé » soit «Araschnia Levana ». Chic, je vais pouvoir observer l’évolution, peut-être voir les chenilles et les chrysalides in situ. Le web disait « Eclosion 8 jours après la ponte ». Bien, j’aurai peut-être la chance de voir les chenilles avant de partir aux 3èmes rencontres nationales du spipoll,le 25 mai, à Nantes, soit dans 14 jours. « Les chenilles d’abord grégaires se séparent pour se nymphoser ». Au pire, je pourrais repérer les chrysalides le mois prochain et si ce sont celles qui couvent la 1ère génération de l an prochain, j’aurais le temps de les admirer. Erreur n°1 : ne pas lire jusqu’au bout les articles entomologiques !
14 mai 2018, 12h30 : Haro sur le fauchage ! Le lendemain après-midi, objectif macro en main, je retourne voir cette merveille. Aïe aïe aïe, le bord de route a été fauché. Ouf pas le talus …Blups sauf une percée, juste là où il y avait la ponte. Damned, un animal (ou un homme y est passé et les a écrasé). Trop injuste !
Le proprio m’interpelle « vous cherchez des escargots ? » … Non, des œufs de carte géographique, heu, d’araschnia levana, de papillon quoi, mais je ne les trouve plus, tant pis ! . « Moi, dit-il, j’ai vu un oiseau qui a plusieurs chants » / « Pfft, j’connais pas les zoiseaux et en + ils bouffent les chenilles! « Oh, il doit se plaire ici » rétroque-je ». L’homme disparaissant, je farfouille, fouille et retrouve la ponte géographique sur un pied d’ortie coupé. Que fais-je ? La laisser, la déplacer à l’abri, la ramasser ? Dans l’ordre, j’ai ramassé la feuille, l’ai déposeé à l’abri en arrière du talus puis entendu la débroussailleuse du propriétaire, repris la feuille et l’ai emportée à la maison. Vous vous souvenez de l’oothèque de mantes religieuses de l’an passé… rebelote cette année, autant dire mai-juin 2018 a été très très géographique !
13h : J’installe la ponte dans le vivarium, au frais, dans la maison, avec un bouquet d’orties fraîches, les tiges plantées dans un vase, petit mais rempli d’eau quand même …… et j’admire de temps en temps pendant 10 jours en m’inquiétant de temps en temps du compte à rebours Nantais.
23 mai: Ôh des mini cartes !
07h50 : ras, je quitte le nid
12h30 : J’arrive en pleine éclosion d’une trentaine de chenille d’à peine 5mm. Clic clac en vitesse avec le bridge et elles sont déjà toutes sorties.
18h30 : Elles ont déjà brouté ½ feuille. Je songe à les relâcher là où je les ai trouvé mais une excursion rapide sur les lieux m’alerte : les tondeuses tournent encore et risquent de passer définitivement sur le massif d’orties encore indemnes. Je cueille un bouquet et leur offre pour la nuit.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] 24 mai : Allo Mathieu, elles ont nées !Affolement, la municipalité passe avec le désherbant thermique. Ouïlle, je ne peux pas les lâcher. Sauf que je m’en vais demain pour Nantes et …Allo Mathieu, qu’est-ce que je peux faire pour suivre et protéger des cartes ?
Réponse : « Mets un bouquet d’ortie dans de l’eau, bouche le bord avec du sopalin pour ne as qu’elles se noient, ça devrait le faire » .
Un bouquet, il y avait, pas du sopalin, j’en mets et vaque. De retour, une dizaine de chenilles se baignaient dans une flaque car le papier avait fait mèche….Tamponnage, essuyage , excusage et observation : ça à l’air d’aller mais ce sont peut-être celles que je n’ai pas vu grandir !!!!
Du coup, réflexion, action : j’ai replanté des orties dans un pot de fleur, tuteuré les tiges, voilé d’une moustiquaire puis l’ai découvert, mis le pot dans la baignoire, fermé les fenêtres puis la porte. Hum, ça me plaît bien comme installation. Pourvu qu’elles n’aient pas envie d’explorer la baignoire !
1er Juin : Retour de Nantes puis d’un séjour à Melesses-paradise Boudu qu’elles ont grandi, ! Super ! J’installe le pot dans la cuisine, à portée d’objectifs photos et au frais, le voilage bien serré cette fois par-dessus. Au comptage, il n’en manque pas beaucoup, il y en a plus même si l’on compte les mues vides * (pas vu pas pris, pas de photos) !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]07 juin : les grégaires se séparent en 2 groupes
Prémice d’une nymphose prochaine, le groupe de chenilles se séparent et occupe plus d’espace.
Photo n°20 : une chenille à tête orange ? le stade 2 juste avant la mue ?
10 juin : Retour de balade
Quoi ? ! Déjà 2 chrysalides !? Super ! Par contre une s’est accrochée au voilage … il leur faut + d’espace. Et zou, jardinière plus grande, rereplantation d’orties, confection de supports en bois en hauteur , installation des chenilles. L’occasion de les compter : oups, il en reste 17 et je ne vois pas de cadavres. Au nettoyage des feuilles sèches, quelques indices de prédation : une araignée s’est faufilée et un exosquelette de ? gît sur une feuille. Moi, je n’ai rien vu !
Après l’installation, séance de mensuration et d’observation : tiens une tâche verte, oups, un crémaster abîmé. Aïe, une chenille est tombée lors de l’humidification du "chenillarium" (lors du rafraîchissement du vivarium aux heures les + chaudes, les chenilles qui reçoivent des gouttelettes d’eau se laissent tomber de leur support) . Où est-elle ? Oups, là, attaquée par des fourmis prestement chassées manu spipollitari !!! Trop tard, un imago de moins.
Du 10 au 20 juin : les petites grandissent, muent sans que je le voir faire, se nymphosent. Une après midi de libre, j’observe à voilage ouvert. "Chouchou" (photos 21c à 21e puis, en bas sur l'ortie) en profite pour se carapater hors de la jardinière. Retrouvée 4 fois à plus d’1 mètre un dialogue s’instaure entre «Je dois me nymphoser, c’est le moment » et « d’accord mais dans la jardinière, stp, pas par terre, ni sur le pot,ni sous le voilage ». 1h plus tard, elle s’arrête et tisse la soie avec sa bouche puis se retourne, fixe son popotin et se laisse tomber tête en bas puis se relève au ¾, figée pour l’étape suivante. Pas de bisou mais le cœur y est !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] A la dernière en position, je range les appareils photos, referme le voilage oubli l’élevage. De toute façon, s’agissant de la 3ème génération qui hivernera à l’état de chrysalide … erreur n°1 …
20 juin : pas bien réveillée, j’ouvre la fenêtre à un papillon tentant de traverser la vitre. Un coup d’œil rapide sur la jardinière, je ne vois rien … l’erreur n°1 entraîne le conseil n°2 : ce qui est petit s’observe de près !
C’est tout en effectuant Une recherche sur le web pour savoir si des imagos extérieurs pouvaient être attirés par les chrysalides que ça a fait tilt … Je redéploie le matériel photo.
21 juin matin : 2 imagos ont émergés le matin, je passe l’après-midi a surveiller une possible émergence, mais non.
Allo l’OPie, j’ai des cartes qui émergent mais à quels signes peut-on se fier pour repérer le moment de l’émergence ?
Hervé me rappelle : « 1h avant, des bulles argentées apparaissent sous la chitine de la chrysalide. Ce sont des bulles d’air qui vont permettre aux ailes de se décoller et à l’imago de sortir. » -« Super, merci ! »
Sauf que des bulles argentées , j’en vois depuis que les chrysalides ont bien séchées, soit 24h après la nymphose.
"L'émergence se fait principalement le matin, rarement l'après-midi". "Aaah,ouf, il y a les cerises à ramasser et les appareils chauffent, les piles se vident etc"
"La chaleur et l'exposition au soleil peuvent influencer l'émergence, il est préférable de les laisser à l'ombre" . Bon, je remets la jardinière au frais et demain je surveille mieux !
22 juin : levée à 6h du mat. Je rive les yeux et l’objectif sur une chrysalide et "scratch", c’est une autre qui s’ouvre. Clic clac etc… Sratch, une deuxième sort. Et M.., je mets la caméra en route et sort de la pièce pour aller chercher une boîte de libération….
VOIR LA VIDEO de l’émergence d’Araschnia levana !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Durée de 4mn40 et non 21 :20 ! Si quelqu'un sait faire un arrangement avec vidéopad ou autre...
Sur une musique des « Chants de la nature » du Mnhn, ''le lever du jour''. Merci !
23 juin : 2 autres imagos ont émergés, trop beau, je ne m’en lasse pas ! A mon avis, l’imago dans sa coque voit ce qui se passe à l’extérieur et attends le bon moment pou sortir !!!
Bon, je n’ai pas repéré les bulles d’air, mais j'ai entendu la chrysalide craquer lorsque l'imago en sort !
Les 2 dernières cartes sont sorties en même temps, je les ai lâchées sur le site de ponte, dans le massif d’orties. Un grand moment aussi !
24 juin :à 9H, une femelle émerge à 5cm du cadrage.
Il reste 1 chrysalide et 1 chance de réaliser une belle vidéo. Mais non, il n’y aura pas d’autre imago, un petit trou détecté sur la cuirasse chitineuse ne laisse plus de doute : un parasitoïde est passé par là !
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
LES + de l’aventure : Merci à Eric pour la vidéo de la nymphose et sa tentative de récidive pour l’émergence. Merci à Hervé de l’OPIE pour ses apports et ses conseils (même si je n’ai pas « vu » les bulles) .
Les fiches assez complètes sur Araschnia levana : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Mes découvertes : Araschnia butine près des cours d’eau mais la ponte s’est faite à 500m de la rivière.
Ponte en mai, imago forme estivale dite « prorsa » en juin !
Une question : que se serait-il passé si j’avais laissé les œufs sur place ?
Des données d'un élevage spontanné : - Une trentaine de
naissances, 17 chenilles à terme (stade 5), 8 imagos, moitié moitié mâles et femelles(je crois).
-
La nymphose : il s’est passé 12 à 14h entre le moment où la chenille se suspend et le moment où la nymphe apparaît. La métamorphose se fait donc dans ce laps de temps. Lorsque la métamorphose est réalisée, la "chenille" effectue des mouvements de va et vient verticaux, la nymphe déchire la peau de la chenille et apparat petit à petit. Puis la nymphe se hisse pour accoler son crémaster à la soie faite par la chenille et se débarrasser de la mue. Elle effectue ensuite une rotation pour s’arrimer par le crémaster.^La nymphe se chrysalide en quelques heures. Puis, silence pendant 8 à 10 jours.
-
L’émergence : les imagos ont tous émergés entre 9h et 10h30, lorsque le thermomètre atteignait 26°C (et avant qu’il atteigne les30°c extérieurs de ces jours ci). L’émergence, rapide, se fait en 1 minute. Puis l’imago déploie ses ailes en 2 à 3 minutes et patiente 20 mn pour que ses fonctions organiques se mettent en place. Il s’envole aussitôt après, se pose en hauteur au soleil puis … je ne les ai pas encore revus !